Je continue de réviser mon texte sur Koweït. C’est sans fin. Les souvenirs les plus précis ne sont pas forcément les plus précieux. D’autres s’imposent à moi que j’avais oubliés alors que j’effectue ma 198 753e révision. Je ne sais qu’en faire, je dois trancher pourtant. J’efface, je copie-colle, je déplace. J’ajoute du sentiment. Les faits ne sont rien sans émotion. Une pièce où j’ai eu peur n’est pas la même chose qu’une pièce où j’ai pleuré.
Le souvenir vient, accompagné d’images, c’est quelqu’un, c’est une sensation, c’est une micro-histoire, arrachée d’un continuum. On parle souvent du « fil des jours », mais la vie n’est pas un fil en deux dimensions, c’est une pâte épaisse, un empilement de sensations, des causes et des conséquences. La vie, c’est le matelas de la Princesse au petit pois.
Ma petite voix me dit que je devrais tout de suite relire le début des Essais de Montaigne…