4. Influences

Influences fortes de mes parents

C’est la vie !

Mon père m’a légué quelques attitudes et phrases-types qui sont devenues des classiques dans ma vie. Quand il s’est agi de choisir mes études supérieures, j’hésitais entre le dessin et les Lettres. Pour lui, c’était « résolu » : « tente d’abord ce qui te paraît le plus fou, parce que le temps passe et que tu n’en auras peut-être plus la possibilité dans ta vie »… Un tien vaut mieux que deux tu l’auras. J’ai fait Lettres en premier parce que, seule face à moi et isolée à Gaza, je ne savais pas qu’il fallait présenter sa candidature dans le courant de l’année précédente. Mais j’ai gardé la phrase et je saurai m’en servir quand le cas se présentera à nouveau pour quelqu’un.

Il me disait aussi parfois : « la vie n’est faite que de séparations… et de rencontres », sa façon à lui de se/ me consoler de tous ces déménagements qu’il m’a fait subir à un âge pour le moins critique (5 collèges en 4 ans).

Son antienne préférée ? « C’est comme ça ! » Nous l’imitons aussi. Parce que des fois les événements n’ont pas d’explication, et « c’est comme ça ! C’est la vie ! »

Ma mère m’a transmis la force de vie qui est en moi. Mais aussi, à l’autre pôle, la force de destruction qui sommeille en moi. Grâce à ma mère, je me balance de droite à gauche, sans mesure, je suis tout à la fois flamboyante et déraisonnablement triste. Elle m’a appris à oser, à partir, à tout casser s’il le faut, à faire des cartons et à les défaire, à ne pas m’apitoyer sur mon sort.

En quelque sorte, mes deux parents m’ont légué les grands principes qui les avaient réunis. On me pose souvent la question de savoir comment mes deux parents ont pu s’aimer et vivre ensemble, et je crois que la réponse se trouve dans ces grands vents qui courent dans la même direction : autonomie, force, courage, persévérance…

Mes deux parents m’ont donné ce qu’une fois une amie a qualifié d’attitude « d’enfant gâtée » : le pouvoir de partir devant une situation trop douloureuse. Je suis évidemment perdue lorsqu’il s’agit de l’affronter avec des mots. Mais tout quitter, ça, je sais (à dix ans, ma valise était déjà prête).