« Mémoires : Relation, parfois oeuvre littéraire, que fait une personne à partir d’événements historiques ou privés auxquels elle a participé ou dont elle a été le témoin. »
Je n’ai pas une importance d’ordre historique. Je relate des événements privés qui s’inscrivent dans une époque, les années 80-90, et dans un certain nombre de régions du monde (la France, bien sûr, mais aussi la Pologne, l’Algérie, le Koweït, la Palestine et bien d’autres). Albert Jacquart dit qu’en termes d’expériences de vie, nous passons les 70 premières années de notre vie entre 0 et 17 ans. Je me reconnais bien là. Alors que nos forces et nos vulnérabilités d’aujourd’hui se sont tissées dans l’enfance, et qu’il est assez consensuel de le penser, il est rare que nous en prenions la mesure. Je voudrais tirer sur les fils de chaîne et de trame pour voir ce que j’y trouve.
Principes
Il est temps de raconter ce temps qui n’est plus, perdu à tout jamais, et qui, déjà, se montre insaisissable. De 0 à 18 ans, et pas au-delà. Ce n’est pas LA vérité, c’est une concentration de points de vue qui m’appartiennent. Et qui, de même, ont été construits, organisés, et archivés dans ma mémoire de manière subjective, elle-même multiple au fil des ans. J’écris en suivant un plan détaillé, sur un document à part. J’écris en boucle, avec des pas en avant et des retours en arrière, parce que je ne sais pas faire autrement. Je relis un nombre incalculable de fois.
J’ai d’abord écrit sur mon entourage et les lieux car il me semblait que poser le décor de mon enfance était un préalable.
L’une des premières questions que je me suis posée quand j’ai pensé à la publication de ces textes a trait au respect de la vie privée, à la confidentialité. Elle se pose, mais elle ne doit pas être un frein à l’écriture. J’ai changé certains prénoms et celé certains secrets de famille. Je veux qu’on me lise, que ce soit par hasard ou non, mais je n’écris pas pour régler des comptes ou blesser quiconque.
Je ne m’appuie pas sur des photos, non par choix, mais parce que je n’y ai pas accès. Pour retrouver ces souvenirs et pouvoir les retranscrire le plus précisément possible, je me suis mis en état de les revivre et de me décentrer pour faire apparaître un décor, des bruits, des odeurs… Cela ne s’est pas fait sans émotion, mais j’ai essayé de rester froide dans le récit (pas toujours), et d’être scrupuleuse. J’écoute beaucoup de musique, je regarde de temps à autres des vidéos sur You Tube, je consulte souvent Wikipedia ou Google Map pour être plus précise ou ne pas écrire n’importe quoi sur des événements que je crois connaître alors que ma mémoire les a déformés.
Le plus difficile, c’est de rester neutre, et de ne juger ni les adultes ni l’enfant ou l’ado que j’étais, ni la narratrice que je suis. Je ne dois pas lui montrer mes scrupules quant à l’intérêt de l’exercice, ou quant à sa légitimité, ou quant à la validité de mes souvenirs. Sinon, elle baisse la garde, plonge dans le doute, et je n’ai plus qu’à plier bagage, fermer le livre, et m’occuper du présent, tout aussi insaisissable, quoi qu’on en dise. Peut-être qu’il est plus facile d’écrire sur les morts que sur les vivants, je ne sais pas. La majorité des personnes dont je parle dans mes textes vivent encore. Et quand j’écris sur l’une d’elles, je m’imagine toujours qu’elle lit par-dessus mon épaule. Si l’on me dit que ce que j’écris n’est pas ce qui c’est passé, c’est d’accord, c’est quelque chose que je peux entendre, on ne saura jamais ce qui s’est vraiment passé. Si l’on me dit que je ne suis pas « gentille » de l’avoir écrit comme ça, je réponds que je n’écris pas pour être gentille.
J’ai aussi créé une page « journal d’écriture », ou « journal » tout court. Pour les mots qui sortaient du cadre.
Contact
Si vous souhaitez m’écrire, vous le pouvez ici, je vous répondrai : emily.bertrand@tutanota.com
(Il y a des coquilles un peu partout, des répétitions, et même des problèmes de concordance des temps, mais pour le moment c’est très secondaire.)